Réservée et souriante, elle a la démarche féline caractéristique des athlètes de haut niveau. Demi-centre de Metz (dont elle est capitaine) et internationale française (23 ans, 38 sélections) notre championne olympique s’est engagée avec Paris 92 jusqu’en 2024. De passage à Trois-Rivières, elle a, le temps d’une rencontre sportive au Gymnase Félix Éboué, été mise à l’honneur. Retour sur l’enfance de «La Mbappé du handball féminin» qui, faut-il le rappeler, a fait ses débuts à la JTR !
Tu as été mise à l’honneur par la ville de Trois-Rivières, qu’est-ce-que cela représente pour toi ?
Un retour sur le chemin parcouru… Le plus dur reste à venir et le chemin est encore long mais j’aime revenir chez moi à Trois-Rivières, revoir les personnes qui étaient présentes à mes débuts, les taties qui me donnaient sandwichs et pâtés après les matchs, le terrain Je n’oublie pas !
Quels souvenirs te reviennent quand tu penses à Trois-Rivières ?
Je revois le terrain près de l’école qui m’a écorché les genoux quand je tombais ! J’avais 8/9 ans… Les joueurs qui faisaient des “swé basket” me disaient toujours d’arrêter de courir partout ! Ils me faisaient aussi jouer avec eux. J’attendais juste que l’entraînement des seniors se termine. J’étais très proche des garçons du club, les Malik , les Manuel etc… C’est avec eux que je me battais sur le terrain quand j’étais petite. Je revois les fêtes de Trois-Rivières quand ma mère faisait des bokits sur le stade ou dans le bourg ! Je revois la maternelle, le primaire et le collège où j’ai grandi. J’allais à l’école et aux entraînements à pied et parfois « Shaba » me raccompagnait quand il était tard pour me protéger. J’ai beaucoup de souvenirs. Je sais où j’ai grandi et j’en suis fière !
Raconte-nous tes débuts dans la discipline
Mis à part quand je courais sur le terrain entre les mi-temps des matchs de la JTR, j’ai commencé le handball à 6 ans. C’est une discipline familiale. Je m’entraînais avec les garçons et j’étais la petite protégée de ces messieurs. Ma façon d’être et de penser vient certainement de là… C’était dur de m’imposer devant eux. Donc j’ai appris très jeune qu’il fallait travailler pour avancer. Ensuite je suis arrivée à jouer avec eux normalement !
Pour réaliser ton rêve, tu as dû quitter Trois-Rivières puis la Guadeloupe.
Oui au début, j’ai dû partir car il n’y avait pas de section filles et j’étais en manque de matchs. Je suis parti à l’AZUP puis à ZAYEN-LA. Ensuite, je suis rentrée au Pôle et j’étais dans les sélections jeunes de l’équipe de France. Plus le temps passait et plus je ressentais l’envie et l’obligation de m’en aller pour progresser et passer des paliers, le besoin de grandir et d’affronter les difficultés dans le handball et dans ma vie.
Comment as-tu vécu ces bouleversements ?
Très bien ! Je suis partie avec des amies et co-équipières donc l’intégration et la vie là-bas était beaucoup plus facile ! Mais en vérité, je passais le BAC, priorité numéro 1 pour mon père. J’avais plus la tête à l’école qu’au handball – sinon je savais que je serai retournée en Guadeloupe !
Ensuite j’ai pu commencer à me concentrer sur le handball et c’était vraiment autre chose. Les difficultés sont arrivées, l’exigence est montée de plusieurs crans. J’avais trouvé ce que j’étais venu chercher. Je me suis battue et je le fais encore au quotidien pour performer auprès des meilleures en club et en équipe de France. Je suis contente de pas avoir eu de coups de blues ou de baisse de motivation. Et puis je sais que tout le monde me suit. Je le ressens donc ça atténue le manque du pays.
Devenir internationale n’a pas été facile. Quelles sont les principales difficultés que tu as rencontré sur ta route ?
Les principales difficultés ont été les blessures quand j’étais au centre de formation. Avec le froid et l’augmentation de la charge d’entraînement je me suis beaucoup blessée. Heureusement, ce n’était pas des blessures sans gravité.
Tu es actuellement en pleine ascension professionnelle, mais à terme quel est ton rêve ? Ton objectif final en handball ?
Mon rêve final c’est de jouer et de gagner les Jeux olympiques 2024 qui ont lieu en France. C’est pour cette raison que j’ai quitté la Guadeloupe. Je me bats au quotidien pour acquérir de l’expérience et toutes les compétences requises pour réussir. “Développer tous les aspects de la réussite” dans toutes les compétitions auxquelles je peux participer comme les Jeux Olympiques 2024 à Paris.
Tu as 23 ans et de belles années sportives devant toi, quels sont tes projets professionnels pour l’après handball ?
Je souhaite devenir nutritionniste spécialisée dans le sport. Je suis actuellement en formation et après je pourrais me spécialiser dans les matières scientifiques. En attendant, je passe mes diplômes tranquillement.
Comment se déroule la journée type d’une athlète pro ?
En général, je me lève à 8h45 maximum, je vais à l’entraînement à 9h40. Entraînement de 10h à 12h. Je rentre manger, je fais la sieste en général car je dors beaucoup ! Ensuite je me lève pour goûter. Je m’entraîne encore de 16h à 18h. J’’enchaîne avec le kiné et je rentre à 19h30 – 20h.
Quels sont tes modèles dans la vie ?
Mon principal modèle c’est moi. Je considère avoir une vie et une mentalité authentiques. Je me sers de mes succès et de mes échecs pour avancer au mieux. J’aime bien entendre les expériences positives et négatives des autres mais je crois beaucoup aux leçons de la vie. Donc je crée ma propre histoire !
Explique-nous ton engagement avec l’association ELA
Avec ELA, j’essaie d’être présente quand je peux pour des enfants qui sont malades. De leur donner le sourire et de faire connaître ce qu’est une leucodysthrophie. On essaie de collecter de l’argent grâce à des opérations solidaires et des marches pour les aider. Je suis Marraine et fière de faire partie de cette grande famille.
Tu es devenu un modèle pour tous ces jeunes qui rêvent de jouer à l’international. Tu as rencontré quelques jeunes filles de la section JTR handball, quels conseils donnes-tu à tes fans ?
Travaillez dur, croyez en vos rêves et donnez-vous les moyens de réussir. Pour ma part, c’est dur au quotidien mais c’est tellement beau ! Rien n’est facile…mais on vit des choses extraordinaires ! On a une vie différente !
Propos recueillis par Chantal Mocka