Selon une étude menée par des chercheurs des CHU de Guadeloupe et de Martinique, après l’épidémie de Zika de 2016, et parue dans la revue Neurology le 26 avril dernier, certains patients souffrent toujours de séquelles importantes trois ans après l’infection par le virus.
87 patients, dont six enfants, ont été suivis dans le cadre de cette étude, à laquelle ont également participé les hôpitaux de la Pitié-Salpêtrière, l’Inserm, l’Institut du cerveau et de la moelle épinière et l’Institut Pasteur. Toutes les personnes de cet échantillon présentaient un NeuroZika, qui se caractérise par des atteintes neurologiques. 76 ont pu être suivis dans le temps. À l’issue de cette étude, un quart de ces malades souffre encore de problèmes résiduels, comme une marche altérée ou de l’instabilité. Et six de ces personnes sont encore gravement atteintes (7,9% de l’échantillon).
« Ce sont des patients qui sont généralement passés en réanimation, qui avaient un syndrome de Guillain-Barré, donc une paralysie des quatre membres. Ils n’ont pas encore récupéré la marche et sont totalement dépendants dans les gestes de la vie quotidienne. Certains vont garder des séquelles », détaille Annie Lannuzel, professeur de neurologie à l’université des Antilles, qui a piloté l’étude.
L’étude met en avant que l’infection NeuroZika a pu être identifiée par la détection des acides nucléiques du virus Zika dans l’urine, le sang ou le liquide céphalorachidien. Elle recommande donc une meilleure prise en compte de ces cas afin d’adapter la prise en charge. « Quand on trouve le virus dans un fluide, il peut y avoir une atteinte plus sévère. Il y a un risque de passer en réanimation ou d’être intubé. Il faut vraiment prendre en charge ces cas rapidement et précocement », ajoute Annie Lannuzel.
Lors de la prise en charge, 54 malades affichaient des atteintes du système nerveux périphérique (nerfs), 19 du système nerveux central (cerveaux et moelle épinière) et 14 avaient une combinaison de ces deux manifestations. Dans 75% des cas, les personnes suivies ont totalement récupéré ou ne présentent que quelques signes sans répercussion importante. Par ailleurs, trois patients sur les 87 sont décédés.
En 2016, l’épidémie de Zika avait touché plus de 66 000 personnes aux Antilles. Dans la grande majorité des cas, le virus ne s’était manifesté que par des fortes fièvres, des douleurs et des boutons sur une courte période. La première grande épidémie a néanmoins eu lieu dans le Pacifique entre octobre 2013 et mars 2014, plus précisément en Polynésie française où l’on a recensé 3 600 cas avérés de Zika et environ 35 000 cas suspects.
Source AFP