La « Mission du Centenaire » lance un nouvel appel à projets pour les commémorations de 2018. Les porteurs des projets à réaliser en 2018 peuvent dès maintenant soumettre leur demande de labellisation.
Dans le cadre du Centenaire de la Première Guerre mondiale, une nouvelle session de labellisation des projets est programmée pour l’année 2018, année qui marquera la fin du cycle commémoratif du Centenaire initié en 2014.
Le label « Centenaire » est destiné à distinguer les projets portés par les territoires et les acteurs locaux qui sont sélectionnés en tenant compte de leur créativité, de la valorisation du patrimoine, de la rigueur scientifique, de l’enjeu international ou encore de la déclinaison pédagogique. Il permet aux projets retenus de figurer sur le programme national des commémorations du Centenaire et d’être éligibles à un financement de la Mission du Centenaire.
Les projets proposés pourront s’appuyer sur les thématiques suivantes :
- La commémoration des dernières batailles de la Grande Guerre
- La fin de la guerre et la signature de l’Armistice
- La construction de la paix et les « sorties de guerre »
- Après 1918 : deuil et reconstruction
Ces thèmes sont donnés à titre indicatif et tous les projets concernant la Première Guerre mondiale sont toujours les bienvenus.
Les porteurs de projets de 2018 peuvent, dès maintenant, et avant le 10 octobre 2017, soumettre leur demande de labellisation au comité départemental du Centenaire de Guadeloupe (CDC).
Le CDC de Guadeloupe examinera les dossiers dans le courant du mois d’octobre 2017. Les résultats de la labellisation par le Comité national du Centenaire seront communiqués au mois de décembre 2017.
Les modalités complètes de l’appel à projets sont disponibles à cette adresse : http://centenaire.org/fr/la-mission/le-label-centenaire
Les porteurs des projets peuvent dès maintenant envoyer leur demande de labellisation au « Comité départemental du Centenaire de Guadeloupe » avant le 10 octobre 2017 par voie électronique à sarah.epiard@onacvg.fr ou par courrier à : Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, 3 rue Alexandre ISAAC 97 100 Basse-Terre.
NB : Après avis du comité départemental, les dossiers sont transmis au niveau national. En décembre, les projets labellisés pourront déposer une demande de financement avant le 15 janvier 2018. La décision définitive relative à l’attribution des subventions sera communiquée à partir du mois de février 2018.
Télécharger ici le formulaire de demande de labellisation centenaire
Le saviez-vous ?
Les colonies et la Grande guerre
La conscription dans les « vieilles colonies » (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion) est sans cesse revendiquée comme un droit, une marque d’égalité, par leurs parlementaires, en particulier Gratien Candace, mais ce n’est qu’en octobre 1913 que la loi sur le recrutement militaire de 1905 est appliquée à leurs habitants.
Citoyens français depuis 1848, les conscrits sont incorporés dans les rangs des régiments d’infanterie coloniale du midi de la France. Dès août et septembre 1914, des Guadeloupéens tombent lors de la bataille des frontières ou sur la Marne ; les sergents Bambuck et Antenor de Grand-Bourg et le caporal Pitot de Basse-Terre figurent parmi les premiers morts de la Grande Guerre.
Début 1915, 12 150 Antillais sont recensés et un premier contingent s’embarque pour la métropole. De 1914 à 1918, 101 600 Martiniquais, Guadeloupéens, Guyanais sont recensés, 28 984 incorporés et 16 880 dirigés vers les zones des armées ; La Réunion mobilise 6 000 de ses fils. Au total, 2 556 natifs des « Vieilles Colonies » ne reviendront pas de la guerre. Quant aux possessions du Pacifique, la Nouvelle-Calédonie fournit au front 1 134 volontaires mélanésiens dont 374 trouvent la mort au champ d’honneur et 167 sont blessés, sur les 2 290 hommes du bataillon du Pacifique recrutés en Polynésie, 332 sont tués au front.
Un bilan très lourd
Au total, entre 1914 et 1918, plus de 565 000 soldats indigènes ont servi dans l’Armée coloniale:
- 181 512 tirailleurs dits « sénégalais » mais venant en réalité de toute l’Afrique occidentale et équatoriale française, les plus nombreux, répartis au sein de 141 Bataillons de tirailleurs africains qui constituaient l’essentiel de ce que le général MANGIN appelait « la Force noire » ;
- 175 000 Algériens, dont 35 000 tués ou disparus.
- 40 000 Marocains, dont 12 000 tués ou disparus.
- 80 000 Tunisiens, dont 21 000 tués ou disparus.
- 180 000 Africains noires dont 25 000 tués ou disparus.
- 41 355 Malgaches, dont 3 100 tués ou disparus.
- 48 922 Indochinois, dont 1123 tués ou disparus.
- 2 434 Somalis.
- 1 067 Canaques et Polynésiens.
À la fin de la guerre en novembre 1918, leurs pertes totales s’élevaient à 97 100 tués ou disparus.
Gros plan sur le Capitaine Camille Mortenol
Premier Noir admis à Polytechnique
À Paris, un officier guadeloupéen, Camille Mortenol, a été choisi avec trois autres soldats pour incarner les héros de la capitale lors de « la Grande Guerre ». Un hommage lui sera rendu samedi matin par l’amiral et chef d’état-major de la Marine Bernard Rogel, à l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde.
Camille Mortenol – Sosthène Héliodore Camille Mortenol pour l’état civil – est né à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe le 29 novembre 1859. Ses deux parents avaient été soumis à l’esclavage. Remarqué par l’abolitionniste Victor Schoelcher pour ses bons résultats scolaires, il obtient une bourse pour continuer ses études secondaires au lycée Montaigne à Bordeaux, où il réussi son baccalauréat en sciences en 1880.
Dans la foulée, il intègre la prestigieuse Ecole polytechnique. Camille Mortenol est le premier Noir à être admis dans cette institution, d’où il sort « aspirant » en 1882, optant pour une carrière d’officier de marine, dans un corps de tradition plutôt aristocratique et élitiste à l’époque. Le jeune militaire participera, entre autres, à plusieurs expéditions coloniales françaises, à Madagascar et au Gabon notamment.
Réactions de racisme
Lieutenant de vaisseau en 1889, il gravit rapidement les échelons pour devenir capitaine de frégate en 1904, commandant de flottille en 1907 et capitaine de vaisseau en 1914, ce qui ne manqua pas d’entraîner certaines réactions de racisme. « On ne peut se dissimuler que la couleur de cet officier peut être une source de petits ennuis. Il y a là un préjugé avec lequel on ne peut s’empêcher de compter, et j’ai eu l’occasion de voir l’étonnement accompagné d’exclamations et de remarques des populations des ports voyant arriver un torpilleur commandé par un officier nègre », note ainsi en 1899 le capitaine de frégate Arden, commandant de la défense mobile… (cité par l’historien guadeloupéen Oruno D. Lara dans son livre « Mortenol ou les infortunes de la servitude », éditions L’Harmattan, 2001).
En poste à Brest lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, les autorités militaires de Paris font appel à Camille Mortenol lorsque la menace allemande s’intensifie sur la capitale. Début 1915, il est nommé directeur du Service d’aviation maritime du camp retranché de Paris (défense antiaérienne). Une mission qu’il accomplit avec succès et qui lui vaudra d’être promu colonel d’artillerie de réserve en 1917, puis commandeur de la Légion d’honneur.
Démobilisé en mai 1919, Camille Mortenol demeurera à Paris pendant sa retraite, avec son épouse, la Guyanaise Marie-Louise Vitalo. Il s’éteint le 22 décembre 1930. Depuis novembre 1985, une rue du Xe arrondissement de Paris porte le nom de « rue du commandant Mortenol ».