À l’occasion du dixième anniversaire de la disparition d’Aimé Césaire, petit retour sur sa vie et ses écrits.
Aimé Fernand David Césaire est né à Basse-Pointe en Martinique dans une famille modeste de sept enfants. Boursier, il suit des études au lycée Victor Schoelcher à Fort-de-France, puis à Paris au lycée Louis-le-Grand où il se lie d’amitié avec Léopold Sédar Senghor et enfin à l’École normale supérieure.
Aimé Césaire qui fréquente le salon littéraire de Paulette Nardal entre en contact avec de jeunes étudiants africains et prend conscience de l’aliénation culturelle qui caractérise les sociétés coloniales martiniquaises et guyanaises. Avec d’autres étudiants, il fonde en 1934 le journal « L’Etudiant noir ».
En réaction à l’oppression culturelle du système colonialiste français, Aimé Césaire commence à écrire en 1936 et forge le concept de « négritude* ». Il veut lutter contre la tentative d’assimilation culturelle de la France et promouvoir la culture africaine victime du racisme engendré par le colonialisme. Sa vision est celle d’un humaniste actif et concret qui défend tous les opprimés de la Terre : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime ».
En 1939, ayant obtenu l’agrégation de lettres, Aimé Césaire retourne en Martinique où il enseigne avec son épouse au Lycée Victor Schoelcher et publie son chef d’oeuvre « Cahier d’un retour au pays natal ». Avec d’autres intellectuels français, il fonde la revue « Tropiques » qui parvient à paraître jusqu’en 1943 sous le régime de Vichy, non sans difficulté.
Aimé Césaire, par sa pensée et sa poésie, influence des intellectuels africains et noirs américains dans leur combat contre le colonialisme et l’acculturation. Inscrit au Parti communiste, il est élu maire de Fort-de-France en 1945, puis devient député, mandat qu’il détiendra jusqu’en 1993.
En désaccord avec le PC sur la question de la déstalinisation, il quitte le parti en 1956 et crée deux ans plus tard le Parti progressiste martiniquais (PPM) qui revendique l’autonomie de la Martinique. Siégeant à l’Assemblée nationale, comme non inscrit, il devient apparenté socialiste partir de 1978 à 1993.
Aimé Césaire demeure maire de Fort-de-France jusqu’en 2001. Sa politique culturelle cherche à mettre la culture à la portée du peuple et à valoriser les artistes du terroir notamment avec la mise en place en 1972 des festivals annuels de Fort-de-France.
Retiré de la vie politique, Aimé Césaire s’insurge cependant contre la loi du 23 février 2005 sur les « aspects positifs de la colonisation » qu’il faudrait évoquer dans les programmes scolaires. À l’élection présidentielle de 2007, il apporte son soutien à Ségolène Royal.
Aimé Césaire meurt le 17 avril 2008 et a droit à des obsèques nationales à Fort-de-France, en présence du Président de la République.
Principales oeuvres :
- Cahier d’un retour au pays natal (1939)
- Les Armes miraculeuses (1946)
- Soleil cou coupé (1947)
- Esclavage et colonisation (1948)
- Corps perdu (1950)
- Discours sur le colonialisme (1950)
- Ferrements (1960)
- Cadastre (1961)
- Une saison au Congo (1966, théâtre)
- Moi, laminaire (1982, poésie)
- Discours sur la négritude (1987)
- La Poésie (1994, compilation de toute la poésie d’Aimé Césaire)
* Négritude : Ensemble des valeurs propres aux cultures et civilisations des peuples de race noire; appartenance à cette race. «La négritude, ce n’est pas du racisme, dit Léopold Sédar Senghor, mais c’est l’ensemble des vertus du monde noir, des qualités de la civilisation négro-africaine…» (Les Questions fr., 21 déc. 1966, p.6, col. 5) – source : CNRTL- Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales