Trois-Rivières

Un sommet international contre les sargasses

Un sommet international aura lieu en Guadeloupe d’ici la fin de l’année pour mettre en place une coopération internationale entre les pays de la Caraïbe dans la lutte contre les sargasses, ont annoncé mardi le ministre de la Transition écologique François de Rugy et le sénateur de Guadeloupe Dominique Théophile. Le sénateur Théophile a remis au premier ministre Édouard Philippe son rapport sur la mission qui lui avait été confiée en juin pour étudier les stratégies de lutte contre les sargasses à l’international, examiner les techniques de ramassages, de valorisation, de stockage de ces algues, et favoriser une coopération régionale.

En Guadeloupe, les sargasses arrivent à nouveau massivement. Ces algues brunes, nauséabondes, dégagent de l’hydrogène sulfuré et de l’ammoniac en chauffant, pouvant provoquer nausées et vomissements et impactant directement la santé de la population.

L’objectif partagé à l’échelle régionale est de ramasser la plus grande partie des échouages en 48h pour qu’il n’y ait pas de risque sanitaire pour la population. Les problèmes de la crise précédente sont encore là. À titre d’exemple, à la Désirade, très touchée en 2018, les sargasses se sont accumulées, ont pourri, coulé et créé au fond du port une vase brune qui, ajoutée à un fond sablonneux non dragué depuis près de 20 ans, complique l’accès et le stationnement des bateaux, abîmés par les émanations toxiques.

Ainsi, le kit sargasse destiné aux communes procure aux élus locaux du matériel de ramassage, une surveillance accrue du phénomène et des systèmes de marchés publics facilités pour permettre le ramassage en 48 heures, conformément aux annonces faites par l’ancien ministre Nicolas Hulot lors de sa visite aux Antilles en 2018.

Par ailleurs, les scientifiques planchent sur des pistes de revalorisation des sargasses dont on ne sait actuellement rien faire. Un appel à projet international sera lancé d’ici la fin du mois, rappelle Sylvie Gustave Di Duflo, conseillère régionale et présidente de la Commission Environnement de la Région Guadeloupe. Sont à l’étude un système de filtrage à charbon, fondé sur certaines molécules de l’algue, des solutions cosmétiques, l’étude approfondie de la composition des sargasses pour savoir si elle peuvent, comme à Sainte-Lucie, servir d’engrais. La piste la plus suivie reste celle de la production d’électricité par pyro-gazéification, qui brûlerait les sargasses à très haute température.

La plage de Grand'Anse envahie par les sargasses
La plage de Grand’Anse envahie par les sargasses

Effets sur la santé

Des irritations des muqueuses oculaires ou respiratoires se font ressentir sous une courte exposition.

Les personnes les plus vulnérables sont les femmes enceintes, nourrissons et jeunes enfants, les personnes de plus de 65 ans, les personnes souffrant de pathologies cardio-vasculaires, d’insuffisances cardiaques ou respiratoires et les personnes asthmatiques.

Lorsque vous ressentez des symptômes, éloignez-vous de tout dépôt d’algues sargasses et consultez votre médecin, en lui signalant le lieu d’exposition aux algues sargasses.

Origine des sargasses

Lors des précédents échouages massifs ayant eu lieu dans toute la Caraïbe en 2011, une équipe scientifique, ayant étudié grâce aux satellites leurs déplacements, a démontré qu’elles provenaient du Nord de l’embouchure de l’Amazone, au large du Brésil.

Ceci explique pourquoi les côtes sud de l’archipel sont principalement touchées.

Il semble que les nutriments contenus dans l’eau de l’Amazone et L’Orénoque profitent à la croissance de ces algues et favorisent leur développement massif.

Ce phénomène devrait malheureusement se reproduire, voire s’accentuer les prochaines années, en raison de la destruction massive de la mangrove d’Amérique latine, qui permettait auparavant de retenir une grande partie des nutriments provenant des fleuves. Il met l’accent sur les conséquences que peuvent produire les déforestations et urbanisations incontrôlées.

Impact environnemental et sanitaire

Lorsqu’elles sont en mer, elles ne représentent aucun danger. Elles sont même considérées par les pêcheurs comme des nurseries, car elles attirent des gros poissons venant se nourrir en dessous. On peut tout de même déplorer qu’elles semblent être un moyen efficace de dissémination du poisson lion, cette espèce invasive originaire du Pacifique qui prolifère dangereusement dans les eaux de la Caraïbe depuis le début des années 2000. C’est lorsque les algues arrivent sur nos côtes, piégées par la mangrove ou s’échouant sur le sable que les désagréments se produisent.

Ce phénomène n’est pas seulement nuisible pour les humains.

De nombreux témoignages montrent que les animaux comme les tortues sont également victimes de l’envahissement de ces algues; nombreuses sont celles qui ne peuvent pas se rendre sur les plages pour y enfouir leurs oeufs. Lorsqu’elles y parviennent, les nids risque d’être détruits par les bulldozers ramassant les sargasses. Parfois même, les tortues adultes, en crevant une poche de gaz, sont asphyxiés et meurent noyés.


*Sources Parc National Guadeloupe – Le Figaro – Youtube/Karen Journaliste

Bulletin Municipal N°29