Trois-Rivières

Sécurité, Développer ensemble la culture du risque

Jean-Philippe Noël, 2ème adjoint en charge de la sécurité et protection civile est père de famille. Il se dit simple mais pas simpliste Il aime l’humilité, sa commune, les gens et surtout son travail. Il a étudié la criminologie à l’université de Lille II et est titulaire d’un diplôme de détective privé. Son engagement politique l’amène à protéger la population jour après jour. Son leitmotiv ? Faire de Trois-Rivières une ville exemplaire en termes de la culture du risque.

Quelles sont vos missions au sein conseil municipal ?
Je suis en charge de la Protection civile et de la sécurité.
Je suis quelque part la passerelle entre le maire, les services administratifs et les autres partenaires qui travaillent dans le champ de la sécurité à l’instar de la police municipale, du service réglementation ou encore des forces de gendarmerie. C’est vaste et passionnant car il s’agit de travailler pour protéger notre population. À titre d’exemple, je travaille actuellement sur un dossier de vidéo protection urbaine.

Les saisons cycloniques se suivent mais ne se ressemblent pas. Sommes-nous prêts en cas de cyclone ? La population est-elle prête selon vous ?
Les saisons cycloniques sont pour nous synonymes de stress. Notre île est impactée par de nombreux risques naturels comme les séismes et autres tsunamis. Et qu’on le veuille ou non, la conscience de cet état de fait amplifie le stress tout simplement parce que nous n’avons pas encore réussi à générer chez nos administrés la culture du risque. Nous ne devons pas vivre au rythme des saisons cycloniques et se préparer quelques jours avant l’échéance. Nous devons pallier ce manque et favoriser une meilleure préparation face à ces risques. C’est en ce sens que nous avons l’intention de mettre en place des actions pédagogiques et de communication en lien avec cette problématique dès que la situation sanitaire le permettra.

Comment allez-vous mettre tout ça en place ?
Nous travaillons à la mise en place de la réserve de sécurité civile. On le fait déjà, mais de manière désordonnée. Après le passage d’un phénomène cyclonique, la population a le réflexe de se mobiliser, dans un élan de solidarité avec tronçonneuse, sabres etc… Bref, tout le monde intervient pour dégager les routes dans un premier temps. Nous souhaitons former la population à tout ce qui peut être mis en branle suite à un sinistre, quel qu’il soit ; surveillance des zones sensibles, premiers secours, bref, organiser l’après sinistre de façon optimale avec les forces vives présentes au sein des quartiers.
S’agissant de la formation de nos ressources en interne, nous avons également mis en place des formations destinées aux élus et aux administratifs sur l’organisation optimale d’un PC.
Nous avons des projets qui ont été mis en stand-by par la pandémie mais il est important de sensibiliser. Un exemple simple. Après le passage Maria chez nous, nous avons constaté que de nombreuses maisons n’étaient pas assurées. Par manque de moyens parfois. Par négligence souvent. Mais il y a aussi un aspect culturel très présent. C’est cette solidarité entre voisins qui existait avant pour réparer les dégâts occasionnés ; C’est vrai surtout pour nos ainés. Cependant, c’est une notion qui tend à s’effilocher avec le temps. Donc assurer sa maison entre dans le champ de la culture du risque, c’est même la première étape. Il faut sensibiliser. C’est incontournable. C’est un travail que nous mettrons en œuvre en partenariat avec les associations et les comités de quartiers.

Parlons de Bord de Mer et Grand-Anse. Deux gros chantiers en termes de sécurité
car ils illustrent parfaitement ma démarche. Ce sont deux zones très exposées aux cyclones et autres tsunamis. Il y aura donc des exercices avec la population. Je compte sur la participation des comités du quartier lesquels sont très dynamiques. La prochaine saison cyclonique approche et par rapport à Maria, nous sommes prêts ; D’ailleurs, quelques mois avant le passage de Maria, nous avions mis en place des formations et des exercices ; cela nous a permis de mieux gérer l’après phénomène. Nous avons appris, nous avons grandis. Nous ne perdons pas de vue qu’il faut continuer à communiquer et éduquer au travers d’actions à caractère pédagogique.

Autre catastrophe naturelle, les séismes :
Si Trois-Rivières est habituée aux cyclones, la catastrophe naturelle la plus redoutée reste le séisme. Là encore, pas de solution miracle. Il faut se préparer car les tremblements de terre de 1994 ont généré réflexions et remises en question. Il faut se préparer comme cela se fait en Asie où la culture du risque, menée au niveau national est une chose acquise et parfaitement intégrée par la population. Architectes et ingénieurs ont travaillé de concert. Les bâtiments aujourd’hui résistent là-bas. Un travail a également été mené avec la population – dont les enfants – avec des exercices de sensibilisation. On en revient encore au caractère incontournable de la culture du risque. Nous avons d’ailleurs un projet pédagogique avec les établissements scolaires.

À l’approche de la saison des pluies, quels conseils de sécurité donneriez-vous à nos lecteurs ?
À chaque hivernage, nous enregistrons quelques glissements de terrains notamment en bordure de route. Le problème c’est que beaucoup d’administrés ont des arbres gigantesques sur leur terrain et qu’ils ne procèdent pas à l’élagage, voire à l’abattage de ces derniers. Même si Routes de Guadeloupe et le Conseil départemental agissent en ce sens, chacun doit se sentir concerné et prendre des dispositions adéquates à même de prévenir les incidents inhérents à cette problématique.

Et là encore, désolé de me répéter, nous en revenons à la culture du risque…

La plage de Grand’Anse, quelques heures avant le passage de l’ouragan Maria

Bulletin Municipal N°29